Bayrou : Seul rescapé du marasme général
Article du Huffington Post, en association avec Le Monde du 11 avril 2013
AFFAIRE CAHUZAC – Un seul surnage dans la tempête. Battu à la présidentielle, débarqué aux législatives, marginalisé en septembre, François Bayrou tient sa revanche. Alors que l’image de la classe politique s’est effondrée dans la déflagration des aveux de Jérôme Cahuzac, le président du Modem, promoteur d’une moralisation de la vie publique, est le seul responsable à progresser dans les enquêtes d’opinion.
Notre baromètre exclusif YouGov dévoilé ce jeudi 11 avril pour Itélé et Le HuffPost le confirme: la cote de popularité de l’ancien candidat à la présidentielle a bondi de 5 points au moment même où la quasi-totalité de classe politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite, recule dans des proportions similaires.
Conséquence immédiate, François Bayrou se trouve désormais aux portes de notre Top5 des personnalités politiques préférées des Français. Un succès d’estime pour celui qui proposait, il y a quasiment un an jour pour jour, un référendum pour imposer la moralisation des pratiques politiques. Sa pétition en ligne réclamant un référendum s’apprêtait ce jeudi à franchir le cap des 50.000 signatures. Référendum aujourd’hui plébiscité par 71% des Français.
Un atout moral en phase avec l’opinion
Affaibli politiquement, l’élu du Béarn se voit donc réhabilité par le contexte de discrédit qui frappe le monde politique et par l’affaiblissement de la confiance dans la démocratie française. Préoccupé par « l’ambiance des années 30 » qui sévit actuellement en France, Bayrou plaide pour des réformes radicales des pratiques politiques. Une posture morale qui trouve un écho plus que favorable dans l’opinion.
« Si vous demandez aux députés et aux sénateurs de diminuer par deux le nombre de leurs sièges, ils ne le feront pas. Si vous leur demandez de mettre un terme à un certain nombre d’avantages qui sont les leurs, ils s’arrangeront pour que cela se perde dans un labyrinthe. Cela ne peut donc se faire que par référendum », tranche l’ancien député des Pyrénées-Atlantiques.
Son intervention sur Public Sénat : http://www.dailymotion.com/video/xywvzk_l-invite-politique_news#.UWh-n8pVKk0
Tout comme les Français, le patron du Modem juge qu’un remaniement ministériel est désormais inéluctable. « C’est un gouvernement beaucoup trop nombreux, pléthorique, qui ressemble à un gouvernement des courants du PS », jugeait récemment sur RTL le responsable centriste. « Ce gouvernement-là ne pourra pas durer. Donc, d’ici quelques semaines, sauf accident, je pense qu’il y a aura reconfiguration du gouvernement ».
Un sentiment partagé par 67% des Français, dont 69% des électeurs centristes.
Vers un gouvernement Bayrou?
Apôtre d’une majorité dépassant le clivage gauche-droite, François Bayrou réclame désormais une clarification de la ligne politique de François Hollande, pour qui il a voté au second tour de l’élection présidentielle. Une ligne de « vérité » qui pourrait ouvrir la voie à l’intégration de ministres Modem dans une nouvelle équipe gouvernementale.
A gauche comme au centre, ce scénario est néanmoins loin de faire l’unanimité. L’aile gauche du Mouvement démocrate y est évidemment favorable et certains députés socialistes libéraux n’y seraient pas opposés. Mais une telle décision achèverait de déstabiliser l’actuelle majorité gouvernementale et consommerait le divorce entre l’exécutif et l’aile gauche du PS ainsi que les écologistes.
Ces derniers jours, plusieurs ministres, dont Arnaud Montebourg et Cécile Duflot, sont montés au créneau pour réclamer un coup de barre à gauche de la ligne économique et sociale du gouvernement. Initiative sèchement recadrée par François Hollande.
L’opinion est plus que partagée sur la question: 44% des Français sont favorables à l’entrée de ministres du Modem dans le gouvernement, selon le dernier baromètre YouGov.
François Bayrou, lui, préfère tempérer les ardeurs de ses proches. « Ne vous faites pas des contes de fée et des légendes. […] si la rupture se produit, il faudra que François Hollande prouve au pays qu’il est dans cette volonté d’une union nationale qui permettrait que tous ceux qui s’accordent sur l’essentiel puissent travailler ensemble », anticipe-t-il sur Radio Classique. Et de prévenir: « C’est un long chemin qu’il a à faire »
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