Après l’élection régionale, quelle politique ?
La période de la campagne régionale nécessitait une réserve dans mon expression, pour bien marquer cette union LR/UDI/MoDem, et se devait de laisser le champ libre à notre chef de file régional Marc Fesneau, et à nos candidats.
Je reprends aujourd’hui la parole pour dire mes convictions.
Je fais tout d’abord un bref retour sur la campagne régionale, sur l‘élection, pour ensuite, et c’est pour moi le plus important, évoquer l’avenir.
Le choix du MoDem de faire alliance avec LR et UDI, ici en Région Centre Val de Loire, était le mien. J’y ai contribué, estimant qu’une aventure « solo », comme celle de la dernière mandature était vouée à l’échec, et que le rassemblement autour de Philippe Vigier relevait d’une vraie vision humaniste, centriste, voire centrale. Je ne dis pas la même chose d’alliances improbables que je n’ai pas soutenues, comme celle par exemple avec Laurent Wauquiez, ou Dominique Reynié, dont le non désistement au second tour est pour moi une honte et une incompréhension…
Je suis heureux et fier d’avoir participé à cette aventure, avec nos militants, derrière le remarquable Jacques Martinet, qui fait honneur à la politique, comme beaucoup d’ailleurs de ses colistiers, dont Constance de Pélichy et Marie-Agnès Linguet, pour ne citer qu’elles.
Nous n’avons pas gagné. Et pourtant je trouve indécentes ces expressions donnant leçon, exprimées ici ou là par divers responsables politiques du Loiret ou d’ailleurs. Notre « non succès » est nécessairement collectif, mais je n’entrerai pas dans ces polémiques stériles qui tendent à faire porter le chapeau à tel ou tel, à imaginer que si tel ou tel avait fait ceci ou dit cela, les résultats auraient été bien meilleurs. Y compris si la tête de liste eut été une autre. J’appelle par contre à une analyse, à un « debriefing » sain et constructif…qui pour le moment n’est pas annoncé.
Pour terminer sur ce chapitre de l’élection régionale, je tiens à saluer la proposition de François Bonneau de proposer deux présidences de commission à son opposition républicaine, et à regretter que la main tendue n’est pas été saisie. C’est ainsi qu’on grandit ou pas en politique. De la même manière, je regrette, qu’avec coordination bien sûr, il n’ait pas été constitué un groupe LR et un groupe CENTRE au sein des élus régionaux…ce qui aurait été réalisé si nous avions gagné. L’alliance ne doit jamais empêcher l’expression respectueuse des différences.
Mais le plus important, c’est évidemment l’avenir.
Cette campagne m‘a confirmé que les réunions publiques et meetings ne rassemblent que les convaincus, et sont plus une démonstration de biceps, ou qu’un entre-soi, qu’autre chose. La venue de « ténors nationaux» tombe souvent comme un cheveu sur la soupe …
Cette campagne, ses résultats, m’ont confirmé que la jeunesse ne vote pas, ou plutôt vote peu, et proportionnellement vote plus pour le FN …
Cette campagne m’a confirmé que les initiatives citoyennes, respectables, ne prennent pas dans l’opinion publique, pour le moment en tout cas. « Nouvelle Donne », « Nous Citoyens » ne rassemblent pas…
Cette campagne a mis en exergue la déliquescence de nos partis politiques actuels (comme de nos syndicats par ailleurs) : EELV a déjà explosé en de multiples groupes ; le PS sous couvert d’unité (car il est au pouvoir) est totalement éclaté entre sa composante libérale et sa composante frondeuse ; LR, pourtant habitué à la discipline du parti, est écartelé entre ses divers chefs et prétendants à la magistrature suprême ; l’ UDI n’a jamais réussi à réunir ses diverses chapelles et n’a pas trouvé son leader ; le MoDem a un leader reconnu et apprécié des Français mais se résume à peu près à cela et doit se poser la question de l’après.
Par ailleurs, je ne crois pas que cet échec, cette désaffection pour la politique, ne soit qu’une question d’âge ou de génération. C’est certes l’un des aspects, mais, il s’agit plus d’un problème de conception de la chose publique, et de mode d’exercice et d’expression.
Nous ne sommes pas, comme ne craint pas de l’affirmer Marine Le Pen, qui n‘est plus à une outrance près, devant une alternative entre mondialistes et patriotes. Nous sommes presque tous patriotes et adeptes d’une implication régulée dans le monde.
Nous sommes de fait devant un choix entre Français dans une Union Européenne, ou Français repliés sur eux-mêmes. Cela me semble facile à trancher même s’il y a, heureusement, débats sur les modalités, le rythme …
Au Mouvement Européen France (que j’ai créé et présidé 10 ans dans le Loiret), dont je suis l’un des vice-présidents nationaux, nous avons fait le choix depuis toujours de travailler ensemble : écologistes, radicaux, républicains, centristes, socialistes…). Toutes nos structures sont multipartisanes et ensemble nous contribuons à avancer vers une Europe des Citoyens, proche, respectueuse, libérale et sociale et durable. Je ne dis pas que c’est facile, j’affirme que nous y travaillons tous ensemble, dans le respect mutuel.
Alors que les populismes sont présents en d’autres lieux d’Europe (Hongrie, Pologne, UKIP au Royaume Uni…), nous constatons que la France n’est pas seule face à cette menace, même si elle est particulièrement concernée.
Il ne nous faut pas avoir l’Europe discrète ou par défaut. Il y a les forces pro-européennes qui veulent construire, et les forces du repli identitaire et du déclin.
La politique de demain, les échéances de demain, la vie de nos concitoyens, passent par plus d’engagement européen, plus de construction commune, plus d’harmonisation, plus de simplification, plus d’écoute et de dialogue sur le terrain … « Unis dans la diversité », comme le dit fièrement la devise européenne.
Et même si ces réformes ne sont pas « lisibles »pour le citoyen, elles passent par l’avènement, ici en France, de la proportionnelle, du renforcement du non cumul des mandats, de la démocratie participative.
Yves CLEMENT, le 20 décembre 2015,
Président MoDem LOIRET, Vice-Président national MOUVEMENT EUROPEEN FRANCE
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