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« Le nucléaire n’est pas l’avenir énergétique de la planète! » | MoDem du Loiret
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« Le nucléaire n’est pas l’avenir énergétique de la planète! »

Sortie progressive du nucléaire, développement des énergies renouvelables et maîtrise de la consommation : pour Jean-Luc Bennahmias, député européen et membre du Shadow cabinet, le « mix énergétique » est « indispensable et créateur d’emplois ». Il l’exprime dans une tribune publiée le 30 juillet 2011 sur le site d’information Mediapart.

Il faut le dire clairement : le nucléaire n’est pas l’avenir énergétique de la planète ! Certains de nos voisins l’ont bien compris ; l’Allemagne a fait récemment le choix d’une sortie du nucléaire à l’horizon 2022, les Italiens ont rejeté par referendum une relance du nucléaire (déjà à l’arrêt depuis 1987 dans leur pays), le gouvernement suisse a annoncé qu’il renoncerait à construire de nouvelles centrales et qu’il allait désormais promouvoir les énergies renouvelables… Même le Japon, pays acquis au nucléaire, fortement dépendant de cette technologie, commence à évoquer un avenir sans nucléaire alors qu’une partie de son territoire et de sa population est désormais plus ou moins contaminée.

En France, deuxième pays au monde en termes de production nucléaire, le dogme du nucléaire a empêché pendant longtemps tout débat public sur la question. Nombreux sont ceux qui continuent d’ailleurs de faire comme si de rien n’était. S’évertuant à nier que l’état des lieux énergétique avait changé depuis Fukushima, Eric Besson, ministre de l’industrie, répétait encore au mois de juin que le nucléaire restait une solution d’avenir. Puis, alors qu’il annonçait la mise en place d’une étude prospective pour réfléchir aux scénarios de diminution voire de sortie du nucléaire, il précisait immédiatement que cette dernière hypothèse n’était pas privilégiée… Il reste à voir dans les faits quelles seront les modalités pratiques de réalisation de cette étude. Elle devrait conclure que, en effet, l’avenir ce n’est pas le nucléaire! Elle devrait aussi remettre en cause la politique exportatrice du nucléaire que la France entretient encore aujourd’hui mais qui n’est plus tenable. La situation énergétique a changé irrémédiablement depuis Fukushima, l’équation du risque versus efficacité s’est renversée. L’avenir se situe dans un mix énergétique et dans la sortie progressive du nucléaire via la combinaison des différents moyens de production et la diversité de la recherche. Développer la part des énergies renouvelables, progresser vers la sobriété énergétique, gérer la sortie du nucléaire en restant d’une extrême vigilance sur la sécurité, en mettant définitiviment un terme à l’utilisation de sous-traitants et en créeant cette politique énergétique européenne qui nous fait défaut !

Quand l’équation risque versus efficacité énergétique se renverse

N’importe quel moyen de production est porteur de risque. Il n’y a pas de risque zéro ! Toute politique énergétique est donc aussi une politique de gestion du risque. Dans le cas du nucléaire, l’équation risque versus efficacité énergétique et rentabilité semblait tourner à l’avantage économique du nucléaire: on acceptait volontiers un choix de production dangereux, porteur de risques non négligeables pour les populations et l’environnement, car cela permettait d’assurer une certaine indépendance énergétique et des coûts officiellement peu élevés de l’électricité. Mais la catastrophe de Fukushima a changé la donne. Elle a renversé l’équation : le facteur risque paraît désormais trop important par rapport aux avantages. Notre société est une société de l’aversion au risque ; alors que de nombreux spécialistes n’hésitent plus à affirmer qu’il existe un risque d’accident ou de catastrophe nucléaire tous les 20 à 30 ans, que de ce fait nous savons que la France n’est pas à l’abri d’un accident majeur, que l’EPR en construction n’a pas non plus été soumis à des stress tests rigoureux, le risque nous paraît désormais trop élevé.

Augmentation du facteur risque mais aussi non-maîtrise : ce que Fukushima a révélé au grand jour, c’est la totale incapacité des opérateurs et des autorités publiques à gérer le risque – alors même que le Japon est considéré, avec la France, comme le phare technologique moderne. En effet, qu’on ne s’y trompe pas: même si les informations nous parviennent aujourd’hui seulement par bribes, la situation reste toujours loin d’être maitrisée à Fukushima! Si l’entreprise de décontamination des tonnes d’eau (plus de 100 000) contaminées se trouvant dans les réacteurs fonctionne désormais, elle a connu de graves problèmes techniques. Par ailleurs, le site est fortement contaminé. Or aucune solution alternative ne semble avoir été envisagée alors même que la décontamination de l’eau est indispensable. Nous savons aussi aujourd’hui que le combustible est entré en fusion dans les réacteurs 1, 2,3, qu’il est possible qu’il ait percé la cuve sous pression de chacun des réacteurs et qu’une explosion se serait produite dans le réacteur 3 en juin… Tepco en est d’ailleurs toujours à verser de l’eau sur les piscines: une solution qui nous paraissait bien dérisoire les jours suivants la catastrophe, forcément provisoire parce que précaire, mais qui reste pourtant la seule à ce jour! Et que dire de ce qu’on apprend tous les jours concernant la radioactivité des sols, des mers, des cultures et des populations! En résumé, Fukushima n’est pas une affaire classée. Non seulement en termes de dangers que représente la centrale mais aussi en termes de contamination de l’environnement et de risque pour la santé publique, le Japon en a pour des dizaines, voire des centaines d’années. Il suffit de voir la situation à Tchernobyl, qui 25 ans après la catastrophe, reste précaire: un no man’s land, des zones et des populations contaminées, une sous-information chronique, sans parler du manque de réparation pour les victimes.

Au delà de l’incapacité à gérer la catastrophe immédiate, il faut aussi se pencher sur le long terme et sur cette inconnue que reste le démantèlement des centrales. A Tchernobyl, le projet de sarcophage est encore à financer et donc loin d’être terminé: en février dernier, la conférence des donateurs de Tchernobyl est venue nous rappeler que la catastrophe produisait encore des effets et que le démantèlement avait un coût! Sans parler de la question de la faisabilité de cette entreprise! Il est donc aujourd’hui évident – lorsque l’on met en avant l’argument du coût faible du nucléaire par rapport aux autres moyens de production – que les technologies nucléaires existantes ne peuvent atteindre les hauts niveaux de sureté attendus sans investissements supplémentaires – et donc des coûts importants sont à prévoir, sans compter ceux du démantèlement des centrales (encore largement embryonnaire comme technologie: cf Brennilis) qui ne sont pour l’instant provisionnés nulle part (et qui, lorsque des chiffres sont prononcés, paraissent flous: est-ce 50 milliards ou plus ? on ne sait plus trop).

Et puis les réacteurs de troisième génération, censés être plus sûrs, les fameux EPR, n’ont de nouvelle génération que le nom. Si ces réacteurs comportent de petites améliorations, il ne s’agit pas d’une véritable révolution qui permettrait de minimiser le risque: on n’est pas à 100 pour cent de maîtrise des processus! C’est ce qui avait d’ailleurs conduit le président de l’ASN, avant qu’il ne soit vite recadré, à évoquer un moratoire sur l’EPR de Flamanville. Ces mêmes EPR qui, en France comme en Finlande, accumulent retards de construction et augmentation des coûts. La mise en service à Flamanville vient de nouveau d’être retardée (elle est prévue désormais pour 2016) alors que le coût de l’entreprise a doublé depuis le commencement, passant de 3 à 6 milliards d’euros.

En France, mais aussi au Japon où l’opposition monte contre le nucléaire, de récents sondages nous montrent que les populations sont majoritairement opposées à cette technologie (1). Il y aura bien – contrairement à ce que certains continuent de nier – un avant et un après Fukushima dans le monde énergétique. Attention, il ne s’agit pas d’échanger une technologie très dangereuse contre une autre (énergie fossile) qui serait tout aussi porteuse de risques pour le changement climatique. L’avenir se situe dans le mix énergétique: un mix de production et de recherche. Mais la transition est un passage obligé. Le scénario de ceux qui nous promettent de sortir en dix ans du nucléaire n’est pas tenable (en termes de coûts de l’électricité et de lutte contre le changement climatique). Pendant une période de transition inévitable en sortant du nucléaire, il faudra nous appuyer sur les énergies fossiles, mais ce n’est pas l’un ou l’autre: on n’échange pas une énergie dangereuse contre une autre tout autant porteuse de risques, nous allons vers un mix énergétique.

Vers un mix de production énergétique

C’est la direction que prennent nos voisins européens, Allemands, Italiens, Suisses, mais aussi Anglais: le Royaume-Uni s’engage dans un système énergétique moins intense en carbone – un mix reposant sur le nucléaire et le renouvelable. Il est grand temps qu’en France, nous ayons un sursaut en faveur des énergies renouvelables. C’est encore loin d’être le cas si on en juge par les revirements politiques, notamment sur le photovoltaïque et l’éolien. La méthode Coué employée par les pro-nucléaires peut faire illusion en France, mais plus ailleurs ! La Chine et Taiwan produisent aujourd’hui la plupart des panneaux photovoltaïques vendus au niveau mondial. La Chine – qui par ailleurs il est vrai a de nombreux projets de construction de réacteurs nucléaires – est aussi le leader mondial de l’installation de parcs éoliens. Soyons lucides, personne ne nous attendra dans cette compétition qui s’engage.

Le mix énergétique, c’est le mix de la production: réduire la part de l’énergie nucléaire et augmenter celle de l’éolien, du solaire, de l’hydroélectricité. Alors que pour le moment, notre production électrique reste largement dominée par le nucléaire (à près de 75 pour cent), les énergies renouvelables n’en représentent que 15 pour cent : l’hydroélectricité (12,4 pour cent) y domine largement tandis que l’éolien n’atteint pas 2 pour cent et que le photovoltaïque est pratiquement inexistant (0,1 pour cent). La marge de progression est donc colossale. Pour valoriser le potentiel de toutes les différentes énergies renouvelables, y compris la biomasse et la géothermie, il est indispensable que nous ayons aussi un mix de la recherche sur l’énergie. Notre budget recherche reste aujourd’hui presque exclusivement consacré au nucléaire. Nous devons le diversifier pour baisser à 50 pour cent la part du budget dévolue au nucléaire (fission et fusion inclues). C’est pour cette raison que je suis d’avis que pas un euro de plus ne devrait être accordé à ITER : d’accord pour la recherche nucléaire, à la fois fusion et fission, mais elle doit se faire à budget constant pour laisser la place à la diversification. Les Allemands sont, à ce sujet, déjà loin devant nous. Cela fait plus de dix ans qu’ils ont fait de la recherche sur les énergies renouvelables une priorité: en 2011 le budget a augmenté pour permettre le financement de près de 150 projets de recherche, notamment pour l’énergie éolienne en mer et les centrales solaires thermiques. Inutile de dire qu’en France, il nous faudra davantage que des effets d’annonces ou des changements de noms (cf. le CEA qui est devenu le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives) pour amorcer un véritable tournant vers une nouvelle politique énergétique.

La solution passe aussi par la sobriété et l’efficacité énergétique. Il est évident qu’il nous faut, en plus de la création d’un véritable mix énergétique, repenser notre consommation. Réfléchir à la sobriété énergétique, c’est adapter nos comportements à la nouvelle donne énergétique, prendre conscience des enjeux liés au changement climatique et à la rareté des ressources. Nos modes de consommation sont en effet énergivores : ce que nous pourrions appeler notre « consommation de veille » (nos appareils continuellement allumés en mode veille) est responsable du fonctionnement de deux voire trois centrales nucléaires! Mais le poids de la réduction de la consommation d’énergie ne doit pas uniquement peser sur le consommateur. Pour progresser vers la sobriété énergétique, il faut permettre au consommateur de mieux gérer sa consommation – avec toutes les précautions que nous devons prendre à propos des nouveaux compteurs dits « intelligents » qui sont en phase d’installation et dont l’efficacité pour la réduction énergétique reste à démontrer. Nous devons aussi accroître l’efficacité énergétique de nos équipements et de nos bâtiments. En effet, la consommation d’énergie liée aux bâtiments représente une part considérable de la consommation totale. Améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments suppose d’améliorer le système de chauffage, l’isolation, l’installation de double vitrage… Dans ce domaine, des normes minimales existent depuis une directive européenne de 2002. Cependant, comme le bilan de ces premières années d’efforts en vue de l’efficacité énergétique reste insuffisant, la Commission européenne vient de proposer, en juin, une nouvelle directive visant à renforcer les normes et à adopter des mesures plus contraignantes afin d’engager l’UE vers une véritable sobriété énergétique.

La politique énergétique doit être européenne

L’énergie est un domaine européen par excellence: pour des raisons de ressources, d’approvisionnement et d’efficacité, la politique énergétique doit être développée à l’échelle de l’Union européenne. En décembre 2009, l’adoption du paquet climat fixait des objectifs ambitieux à l’horizon 2020, les fameux trois 20 : 20 pour cent de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20 pour cent d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique et 20 pour cent d’augmentation de l’efficacité énergétique. Depuis, à l’échelle française (grenelle de l’environnement), européenne comme mondiale (sommet de Copenhague, Cancun), nous avons accumulé les déceptions et le bilan est plus que mitigé.

Il y a bien plusieurs grands projets d’infrastructures à l’étude comme celui d’un super réseau électrique en Mer du nord qui relierait les différentes centrales éoliennes offshore ainsi qu’une nouvelle proposition de la Commission européenne pour renforcer l’efficacité énergétique et adopter davantage de mesures contraignantes, mais la politique énergétique européenne reste brouillonne et sans vision commune pour l’avenir énergétique. Le manque d’unité a trouvé une nouvelle occasion de s’exprimer au lendemain de la catastrophe de Fukushima. Alors que l’idée des stress tests sur les centrales nucléaires européennes faisait l’unanimité parmi les Etats européens, plus de trois mois après Fukushima aucun progrès sur des stress tests véritablement contraignants supervisés par l’Union et évalués entre pairs n’est à enregistrer! L’accord sur les stress tests est un accord à minima qui révèle le manque d’ambition dans la gestion du risque et les normes de sécurité, qui devraient pourtant être mutualisées à l’échelle européenne.

Production décentralisée, développement local et aménagement du territoire

Enfin, notre avenir énergétique sera la production de proximité. Cela suppose la décentralisation. Une décentralisation bénéfique en termes d’emploi non-délocalisables. A l’inverse du modèle très centralisé que nous avons depuis des décennies, nous devons penser local! L’avantage des énergies renouvelables est qu’elles ont un potentiel de développement local. La production de proximité permet de réduire les coûts, à la fois économiques et environnementaux (exemple de l’huile végétale ou de la filière bois, de la géothermie, des hydroliennes ou de l’utilisation des courants marins) et de favoriser la combinaison des différents modes de production. Elle promeut aussi un nouveau modèle économique dans lequel les PME ont toute leur place. Evidemment cette politique doit être couplée à l’aménagement du territoire, il ne s’agit pas de mettre ces productions n’importe où mais de rétablir une production de proximité concertée et durable.

Le développement de ce mix énergétique et la réorganisation de la production sont aussi bénéfiques en termes d’emplois. Si les énergies renouvelables créent et vont créer des emplois, elles permettront aussi, et surtout, d’en maintenir au niveau local. D’ailleurs, que l’on se rassure : il y aura aussi du travail pour des années dans le nucléaire, même dans le cas d’un scénario de sortie de cette technologie. Le gouvernement, qui avance régulièrement l’argument des dizaines de milliers d’emplois que représente le nucléaire (de 40000 à plus de 120 000 emplois en comptant les emplois indirects), devrait se pencher sur le nombre d’emplois que nécessiteraient le démantèlement, la surveillance des réacteurs et la gestion des déchets radioactifs. Le décret publié jeudi 28 juillet, annonçant la décision de reprendre l’entreprise de démantèlement de la centrale de Brennilis, à l’arrêt depuis 1985, nous engage pour des années de travaux et de gestion des déchets puisqu’on estime qu’environ 100 000 tonnes de déchets seront engendrés au total par la déconstruction de la centrale. Le chômage technique n’est donc définitivement pas à l’ordre du jour !

(1) Sondage réalisé au Japon par le quotidien Tokyo Shimbun: 82 pour cent des personnes sondées souhaitent le démantèlement des réacteurs ; en France, sondage vivavoice des 16 au 18 juin auprès de 1005 personnes : 60 pour cent pour «une sortie progressive du nucléaire».

 

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